Billet d’humeur de Océane BOUETZ,
Etudiante en B.T.S. Commerce International,
portant sur Patients de Grand Corps Malade
Le témoignage Patients écrit par Grand Corps Malade m’a extrêmement plu, dès les premières pages.
Avant de le lire je savais déjà qu’il s’agissait du récit autobiographique d’un jeune homme qui avait été gravement handicapé pendant plusieurs mois suite à un accident ridicule dans une piscine. Cependant, je ne connaissais pas vraiment ce slameur si renommé. Cette lecture m’a permis de découvrir l’homme et son histoire et les deux m’ont beaucoup émue. Ce livre nous plonge dans un monde inconnu et dur, celui de l’univers médical, en cela il a été dépaysant pour moi car totalement différent de mes lectures précédentes.
J’avais certains a priori sur le fait de lire l’histoire d’un rappeur/chanteur, mais je me suis rendu compte que c’est principalement l’histoire d’un jeune de 20 ans vivant très simplement dans la banlieue parisienne, rêvant de devenir basketteur professionnel mais qui a vu sa vie prendre une tournure toute autre et dramatique ce qui l’a amené finalement à revoir ses aspirations, et même à s’en inventer de nouvelles. Ici, Fabien raconte sa vie quotidienne d’handicapé tétraplégique dans un centre de rééducation. Il décrit tout d’abord, le cadre, son entrée dans ce nouveau monde, les règles de fonctionnement, son personnel et les autres patients, mais aussi sa dépendance totale du départ puis, au cours des mois qui passent, son évolution marquée par des progrès de plus en plus encourageants.
J’ai trouvé que Fabien était un homme à la fois humble et courageux. Le ton est souvent humoristique comme pour dédramatiser, mettre à distance la douleur. Certaines remarques se révèlent très percutantes et disent à demi-mots toutes les souffrances endurées. Et malgré les difficultés physiques et morales rencontrées décrites très précisément dans ce récit, il a su rebondir, resté ouvert au monde et motivé pour se sortir de son handicap. J’avoue être admirative.
Mais ce récit n’est pas que dramatique, bien au contraire. Paradoxalement, le ton est souvent humoristique et je me suis surprise à rire à de multiples reprises durant ma lecture, comme l’épisode où Eddy, son compagnon de chambre « cherche » ses jambes ou lors d’une conversation avec la psychologue du centre dont il se moque avant de s’apercevoir un peu plus tard qu’elle n’était pas dupe de son attitude. Il ne prend pas tout au premier degré, il arrive à relativiser, à mettre une certaine distance entre lui et ce qui lui arrive ou ce dont il est témoin. L’humour semble l’aider à dédramatiser, à prendre du recul par rapport à l’horreur à laquelle il est confronté. Il n’est pas du genre à se morfondre, il faut dire aussi que, contrairement à d’autres, il va récupérer, même partiellement l’usage de ses membres, sacré soulagement pour quelqu’un menacé de ne jamais plus pouvoir se servir de ses quatre membres….
A côté de Fabien si attachant, on fait connaissance de ses amis, Farid et Toussaint handicapés eux aussi, des membres du personnel essentiels parmi lesquelles ressortent des figures pittoresques comme Jean-Marie l’aide-soignant au comportement rigide qui nomme sans cesse les patients par le pronom « il » ou Christiane la maladroite. C’est ainsi un univers à part entière avec son mode de fonctionnement, ses acteurs et les relations entre ces derniers qui se met en place et nous immerge dans cette réalité de la souffrance aussi bien physique que psychique mais aussi dans le quotidien de jeunes de 20 ans avec leurs rires, leurs doutes et leurs envies.
Ce récit fait du bien au moral, il nous permet de découvrir une réalité méconnue, de comprendre que ce type d’accident n’arrive pas qu’aux autres. Il nous invite surtout à relativiser nos petits malheurs et à profiter de chaque minute de notre vie.