Billet d’humeur de Orneylla Bissoly,
Etudiant en B.T.S. Assurance,
portant sur Un secret de Philippe Grimbert
En général, je ne suis pas attirée par les livres du genre autobiographique, mais le titre de ce récit Un secret de Philippe Grimbert, à la fois si simple et mystérieux, m’a donné envie d’en savoir plus et de découvrir ce fameux secret.
L’histoire se déroule dans les années 1950, époque de l’après-guerre difficile car les esprits sont encore hantés par les atrocités de la guerre, surtout les juifs. C’est dans ce contexte que l’on fait connaissance du narrateur, un jeune garçon, né avec une malformation à la poitrine, à l’apparence maigrichonne, totalement opposée à celle de ses parents Maxime et Tania aux corps d’athlète.
Fils unique, il se crée un grand frère imaginaire, le grand frère qu’on rêve tous d’avoir, celui à qui il peut confier toutes ses interrogations, notamment celles portant sur son identité. En effet, il se pose beaucoup de questions et veut tout apprendre de l’histoire de ses parents mais ces derniers préfèrent le silence et il ne sait que peu de choses. Du coup il décide d’assembler tous les éléments, tous les renseignements qu’il connait tel un puzzle en y ajoutant une pincée d’imaginaire afin de reconstituer leur vie. Mais celle-ci n’est que roman et le jour où il va connaître l’essence même de son existence, suite à un incident, ce sera pour lui un bouleversement total, un tournant décisif dans sa vie…. Pour se construire chaque personne a besoin de connaitre son identité, ses racines, son histoire familiale. On n’y pense pas, pour moi, avant de lire ce livre, l’identité se définissait par une simple photo, un nom, un prénom et une date de naissance sur un bout de papier. J’avais tort évidemment et ce livre démontre bien à travers l’histoire de Philippe mais aussi son évolution physique et mentale au cours du récit, que l’identité ne peut exister sur du vide ou sur un secret. On a besoin de connaitre la vérité aussi terrible soit-elle pour pouvoir grandir normalement.
Dans ce récit, le narrateur nous transporte avec lui dans son imaginaire qui est aussi son refuge et il y réussit tellement bien qu’il m’a fait louper par deux fois mon arrêt de tram ! Il nous montre, à travers son histoire, que la frontière entre l’imaginaire et le réel est tellement fine certaines fois qu’ils se confondent pour ne former plus qu’un. Sans le savoir, Philippe savait la vérité, il la pressentait, il l’imaginait sans se douter qu’il en était si proche, il la devinait en s’inventant son frère ou en nommant la vieille peluche trouvée dans le grenier SIM…
Le passage qui m’a le plus touchée est le moment où le narrateur arrive à ôter cette culpabilité présente chez son père en lui faisant une révélation qui aurait pu changer le cours de sa vie. Ce livre est très émouvant et passionnant, car il aborde des thèmes essentiels concernant l’identité et la psychologie de la personne humaine et qu’il maintient jusqu’au bout l’intérêt du lecteur en l’intriguant et ce, en une simple phrase dès les premières lignes du roman: »Fils unique, j’ai longtemps eu un frère »…