Lire No et moi c’est ouvrir les yeux sur des problématiques de société bien actuelles. La solitude et la détresse sont présentes autour de nous mais nous ne les voyons pas forcement. Lou Bertignac, une adolescente âgée de 13 ans en classe de seconde, en a fait l’expérience. Cette jeune parisienne doit effectuer un exposé oral. Elle choisit, un peu au hasard, de traiter le thème suivant : « les femmes sans abris à Paris ». Elle se lance dans des recherches théoriques et décide d’aller dans la rue à la rencontre d’une femme Sans Domicile Fixe (SDF) à interviewer. Ce sera No, une jeune femme sale, fatiguée, au bout du rouleau. Toutes deux vont s’apprivoiser et s’entraider. Lou décide même d’installer No chez elle, avec l’accord de ses parents. Mais le conte de fées ne se déroule pas comme prévu et les difficultés ne vont pas tarder à resurgir…
C’est un livre qui m’a touché car il montre la présence d’une frontière invisible entre les SDF et les gens qui ont la chance d’avoir un logement. Ce livre soulève beaucoup de questions : il nous interroge sur notre engagement personnel par rapport aux personnes en difficulté mais aussi sur les limites de l’aide que l’on peut leur apporter. Il nous montre, par ailleurs, que la solitude est multiple et peut concerner aussi bien celui qui est dans la misère qu’une adolescente vivant avec des parents qui ne s’occupent pas d’elle. Ceci dit, le ton n’est pas triste. On rit aussi, la solidarité est omniprésente, notamment celle entre adolescents qui se soutiennent et tentent de se protéger entre eux contre les mauvais traitements que leur infligent les adultes. Le dénouement de l’histoire est très ambigu, c’est une fin ouverte qui amène le lecteur à se poser beaucoup de questions : pourquoi No a-t-elle agi ainsi ? Est-ce un acte égoïste ou, au contraire, une preuve de générosité ? Si vous voulez vous faire une opinion, lisez le livre, vous ne le regretterez pas !