Luc est un jeune homme enfermé dans un mal de vivre causé par l’absence de dialogue familial et la peur de décevoir ses parents qui lui reprochent sans cesse son manque d’ambition. Quand le drame arrive, tous sont stupéfaits, ne comprennent pas sauf Céline, sa cousine et amie, la seule qui redoutait que ce malheur ne s’abatte un jour sur eux. Tous deux formaient un duo, en lutte contre leurs parents et leurs valeurs, aussi incompris l’un que l’autre par leur entourage.
De l’amour, il y en a pourtant. Mais la peur de décevoir empêche de le montrer. Laurent Mauvignier, dans ce premier roman, fait parler ces silences qui étouffent les sentiments, avec subtilité et profondeur. Chacun leur tour, les membres de cette famille évoquent leur douleur et leur incompréhension face au geste fatal de Luc ; mais une fois de plus, ce ne sont que des monologues intérieurs que chacun garde au plus profond de lui, des récits de solitude qui nous rappelle qu’on ne se rend compte de l’importance des êtres, des paroles tues, des gestes étouffés qu’après la perte.
Laurent Mauvignier ne raconte pas seulement les maux d’une famille, il raconte les maux d’une société dans laquelle il est nécessaire d’être accepté et semblable aux autres, une société dans laquelle les rêves et l’originalité n’ont que peu de place, une société qui détruit l’individu dans sa singularité.
Impossible de sortir indemne d’une telle lecture, ce roman est bouleversant !